Vers l'an 1370, le Seigneur de Thun-l'Évêque régnait en tyran sur la région de Cambrai, imposant sa volonté par la force et la terreur. Ses exactions incessantes avaient plongé les habitants dans un état de désespoir et de colère. Les rumeurs de ses actes odieux et des souffrances qu’il infligeait se répandaient, nourrissant la révolte dans le cœur des Cambrésiens.
Un jour, les habitants de Cambrai, épuisés par la tyrannie et les abus, prirent la décision courageuse de se soulever contre leur oppresseur. Parmi eux se trouvait Martin, un forgeron d'origine maure, connu pour sa force et son habileté à manier le marteau et sa femme, Martine.
Le jour de l'assaut arriva. Les Cambrésiens, marchèrent vers la forteresse de Thun-l'Évêque.
L'assaut de la forteresse fut épique, marqué par des combats acharnés et des scènes de bravoure. Les défenseurs, bien entraînés et lourdement armés, opposèrent une résistance féroce. Les villageois, bien que moins bien équipés, se battirent avec une ardeur désespérée, animés par la soif de liberté. Martin utilisait son marteau de forgeron comme une arme redoutable, brisant boucliers et armures d'un seul coup puissant.
Au milieu de la bataille, Martin se retrouva face à face avec le Seigneur de Thun-l'Évêque. Le tyran, vêtu d'une armure imposante et d'un casque orné, semblait invincible. Martin, cependant, ne recula pas. Il leva son maillet, mettant toute sa force dans un coup monumental qui s'abattit sur le casque du Seigneur. Le choc résonna comme un tonnerre, et le casque se déforma sous l'impact, s'enfonçant sur la tête du Seigneur et lui masquant la vue.
Assommé et aveuglé, le Seigneur de Thun-l'Évêque vacilla. Il tenta de se défendre, mais ses mouvements étaient désordonnés, entravés par le poids de son casque. Finalement, il dût abandonner le combat, incapable de continuer. Les Cambrésiens, voyant leur oppresseur défait, poussèrent des cris de victoire. Le tyran, humilié et terrassé, admit sa défaite devant les habitants de Cambrai.
Lorsque les villageois retirèrent le casque du Seigneur, ils découvrirent l'ampleur du coup porté par Martin. Le choc avait été si puissant qu'il avait non seulement assommé le tyran, mais l'avait également rendu fou. Le regard du Seigneur était vide, ses paroles incohérentes. La terreur qu'il avait imposée s'était retournée contre lui, le laissant brisé et délirant.
Aujourd’hui, on peut admirer les deux automates représentants Martine et Martine qui sonnent la cloche du campanile de l’Hôtel de ville de Cambrai. Ces deux jacquemarts ont été installés en 1512. Après avoir été détériorés en 1677 lors du siège de Louis XIV et plus fortement à la fin de la première guerre mondiale, les deux jacquemarts ont toujours été réparés et remis en service pour la grande fierté des tous les cambrésiens.